Les destins croisés de quatre marins français en mer de Chine 1835-1885
Conférencier
Dominique MAILLARD.
Les destins croisés de quatre marins français en mer de Chine 1835-1885 : Jean-Baptiste Cécille, Auguste Protet, Prosper Giquel, Amédée Courbet.
Si par définition, le marin est « ailleurs », celui qui parcourt les océans au cours de la période 1835-1885 se trouve souvent « en déphase » avec une France qui change cinq fois de régime politique. De surcroît, il s’agit d’une période pendant laquelle la Marine, qui va devenir l’un des instruments essentiels de la puissance coloniale de la France, est marquée par des mutations technologiques aussi profondes que rapides.
En une trentaine d’années la Marine française passe de la voile à la vapeur, de la première marine à vapeur « non protégée » à la marine « cuirassée ». Le bois cède aussi définitivement la place au fer dans la construction des navires.
Le vice-amiral Jean-Baptiste Cécille (Rouen, 1787- Saint-Servan 1873),
le vice-amiral servannais Auguste-Léopold Protet (Saint-Servan 1808- Shanghai 1862),
le lieutenant de vaisseau Prosper Marie Giquel (Lorient 1835 – Cannes 1886),
le vice-amiral Amédée Courbet (Abbeville 1827 – Making, îles Pescadores 1885)
ont en commun d’avoir servi la France en mer de Chine à un moment ou un autre entre 1830 et 1885.
Cécille assiste à la signature des traités « inégaux » sino-britannique et sino-français qui vont régler les rapports entre Occidentaux et Chinois pendant plusieurs décennies.
Protet et Giquel combattent tous deux les Taiping après avoir participé à la Seconde Guerre de l’opium sous les ordres de l’amiral briochin Charner. Protet périt en 1862 au service de la dynastie mandchoue lors d’un engagement contre les Taiping à Shanghai, où il existe toujours un temple consacré à sa mémoire.
Le Lorientais Prosper Marie Giquel, sinisant et sinophile, en disposition de la Marine française, commande contre les Taiping une armée chinoise d’environ 800 hommes encadrés par une poignée d’officiers français.
Giquel fonde ensuite l’arsenal de Fuzhou (Fou-Tcheou). Dans ses analyses sinologiques, Giquel se montre très critique de l’activité des missionnaires catholiques en Chine surtout après les massacres de Tien-Tsin en 1870.
Giquel et Courbet s’engagent l’un et l’autre dans deux approches divergentes des relations entre la France et l’Empire du Milieu : une politique d’engagement industriel dans un contexte de mondialisation économique face à la politique coloniale prônée par Jules Ferry, fondée sur la recherche de marchés et de débouchés « captifs ».
Au bout du compte, Courbet détruit à coups de canons l’arsenal de Fuzhou (Fou-Tcheou), l’œuvre de Giquel, lors de l’une des plus glorieuses batailles navales françaises. Les faits d’armes de Courbet, qui meurt du choléra dans les Pescadores, finissent par forcer la Chine à négocier et à accepter les termes d’un traité que Giquel a tenté d’infléchir jusqu’au bout.
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